Humanisme, amour et persévérance.
Notre avis : *****
Bien que plébiscité par la presse spécialisée, Wadjda, premier film de la cinéaste Haïfa Al-Mansour, n’a semble t-il pas tant recueilli la faveur du grand public que les incontournables blockbusters du moment. Ce film est pourtant un véritable miracle dans le paysage cinématographique de ce début d’année. Vibrant plaidoyer contre l’obscurantisme d’une autre époque, il témoigne aussi du courage et du culot qu’il a fallu à sa réalisatrice pour traiter de la condition féminine en Arabie Saoudite, où les salles de cinéma sont interdites.
Wadjda, 12 ans, est une petite fille qui va à l’école, baskets aux pieds et jeans sous sa tunique. Elève médiocre, peu concernée par la religion, elle écoute du rock et rêve d’avoir un vélo. Oui mais voilà : privilège des hommes, les vélos sont interdits aux femmes, qui doivent préserver leur vertu. Avec douceur et rouerie, Wadjda va opposer sa détermination au tabou.
A travers cette histoire toute simple, H. Al-Mansour invite à réfléchir sur la place de la femme dans un environnement social et culturel différent du nôtre. Elle nous propose sa vision de la contestation féminine, avec tout ce qu’implique un tel engagement pour la liberté. Le sujet est traité avec beaucoup d’intelligence et sans manichéisme : ainsi, Abdallah, l’ « amoureux » de Wadjda, pourtant figure masculine, va t-il soutenir et aider la petite fille dans son combat perdu d’avance. Peut-on dire alors que le futur est en marche ?
Wadjda n’est ni un manifeste virulent ni une diatribe moralisatrice. C’est tout simplement un film positif, drôle et émouvant, un film d’amour, de persévérance et de foi en l’humain. Les acteurs, filmés avec beaucoup de tendresse par la réalisatrice, sont magnifiques (la jeune Waad Mohamed crève l’écran par sa fraîcheur et sa malice).
Maryse Decool
Le film est encore projeté dans certaines salles : si vous l’avez raté, nous vous conseillons vivement la séance de rattrapage.
C’est juste, il faut vraiment aller voir ce film, drôle et émouvant qui, au-delà du sentiment d’incrédulité et de révolte qu’il provoque, nous force à réfléchir sur notre propre place au sein de la société européenne et met le doigt sur le chemin parcouru et les combats qui restent encore à mener.
On en sort les larmes aux yeux.