Fidèle à son engagement pour une fiction de qualité, Arte vient de lancer la diffusion d’une nouvelle série, Odysseus. Heureux qui comme Ulysse… ça vous rappelle quelque chose ? En vérité, il s’agit non pas d’une énième version de la mythique épopée du marin condamné à l’exil par les dieux, mais bel et bien d’un regard différent posé sur le récit d’Homère. Ici, l’histoire débute chez ceux qui attendent – Pénélope, Télémaque, les soupirants de la reine – et fait la part belle aux relations humaines, rapport fusionnel entre le fils et la mère, ambitions, désirs et conflits d’intérêts. Pari audacieux et réalisation innovante signée Frédéric Azémar.
Alors pourquoi a t-on tant de mal à oublier la magie de la série créée en 1968 par Franco Rossi (L’Odyssée), où la sublime Irène Papas campait la pauvre Pénélope ? Sans doute parce qu’à l’époque, nos esprits encore en friche étaient prompts à s’émerveiller des aventures d’Ulysse aux prises avec mille dangers, merveilleusement filmées malgré des effets spéciaux hors d’âge ; sans doute parce que l’imagination est cette fois prise de court car tout est dit et rien n’est suggéré chez Azémar ; sans doute à cause de la faiblesse du jeu des acteurs… Du moins pour le moment : prions Zeus pour qu’au fil des épisodes, notamment avec le retour d’Ulysse, la série trouve le souffle épique qui lui fait défaut.
Des faiblesses qui nous rendent nostalgiques de son prédécesseur, Odysseus en compte. Saluons quand même l’initiative d’Arte et son implication pour que des œuvres différentes soient proposées au public. Malgré ses défauts, le dernier-né de la chaîne ne peut nous rendre complètement aigris : comparée à ses innombrables voisines à la morale binaire dont on gave aujourd’hui le téléspectateur, la série vaut de l’or.
Maryse Decool