La cuisine antillaise est renommée pour être aussi riche en couleurs qu’en saveurs. Et ce n’est certainement pas La Créole, resto dépaysant situé sur le boulevard Montaparnasse, qui démentira cette réputation. Pour en témoigner, Vivons Facile ! a plongé sa fourchette dans ses généreuses assiettes…
« Historique, oui ! » Responsable du restaurant le week-end, Patrick ne mâche pas ses mots. Il faut dire que, bien avant l’arrivée des gérants actuels, La Créole a vu passer de grands noms entre ses murs tapissés de motifs tropicaux… Depuis l’ouverture de l’établissement en 1956, Henri Salvador (évidemment), Dalí, de nombreux dignitaires étrangers et tous les Présidents français jusque Jacques Chirac, paraît-il, se sont succédé à table pour apprécier ses spécialités.
A la carte, les produits locaux se bousculent : morue, crabe, lambi, gambas, coco, avocat, igname, épices et piment ouvrent un horizon tropical dès le premier coup d’œil. Indéniablement, le chef Gabin connaît ses classiques sur le bout des doigts. Du colombo au rougail, en passant par le massalé, le blaff (un court-bouillon antillais) et le chiktay (apéritif à base de morue hachée), l’éventail des préparations promet aux babines un délicieux aller-retour en Outre-Mer. A noter également, le restaurant dispose d’une impressionnante carte de cocktails… histoire de démarrer le festin dans le plus pur esprit antillais.
Pour ouvrir le repas, un seul conseil : jetez-vous sur la « ronde antillaise ». Passant en revue les mise-en-bouche les plus incontournables (concoctées quotidiennement sur place), cette danse-là fait chavirer les papilles et s’amuse des contrastes entre rondeur et piquant des saveurs, moelleux et croustillant des textures. Côté plats, le restaurant a encore de la ressource sous les talons : viandes et poissons ont été sélectionnés pour leur qualité (La Créole est d’ailleurs le seul restaurant antillais de la capitale à proposer du poulet Label Rouge), ce qui justifie les prix à la carte. Tirant également profit d’une cuisson patiente et d’un long mijotage, chaque bouchée fond dans la bouche : un vingt sur vingt pour ce chapitre culinaire. Et si d’aventure le cabri vous était encore inconnu, sautez sur l’occasion pour déguster sa chair tendre à la saveur profonde, proche de l’agneau… On en trouve trop peu dans les assiettes de la métropole, alors qu’il est la star des cérémonies antillaises !
Qui dit créole, dit forcément épices. On attend donc au tournant le chef sur la préparation des sauces. Bingo, il excelle aussi sur ce terrain. Parfumées et relevées juste comme il faut, gourmandes sans laisser une impression trop grasse. A l’ardoise, petit coup de cœur pour l’onctueuse crème à l’ail qui accompagne le poulet : un délice qui nous oblige à replonger sans cesse la cuillère…
Les papilles amatrices de dessert pourront enfin se satisfaire des typiques torrent d’amour, glace coco maison et autres flans coco… si toutefois elles ont encore de la place pour les accueillir. Notre préférence va au blanc-manger (à la coco, naturellement), ferme et mousseux à la fois, délicatement aromatisé et sucré juste à point.
Vous l’aurez compris : si le cadre, l’accueil et les bons conseils prodigués sur place font de La Créole un restaurant où l’on remet les pieds avec plaisir, c’est aussi le talent aux fourneaux qui fait marquer des points au lieu. Auréolé d’un beau parcours (les cuisines d’un quatre étoiles dans les DOM-TOM, des débuts parisiens avec la télégénique Babeth de Rozières…), le chef Gabin ajoute à sa passion pour les saveurs antillaises non seulement une technique imparable, mais encore une véritable curiosité gastronomique. Au gré des plats du jour, il s’amuse ainsi à réinventer les grands classiques franchouillards en y intégrant l’exotisme qui lui tient à cœur. Comme dans ce parmentier où la pomme-de-terre laisse place à de la patate douce fondante et sucrée… Mais chut, les autres trouvailles sont encore des surprises !
La Créole, 122, boulevard du Montparnasse, 75014 Paris. Plus d’infos sur http://www.la-creole.fr/