Aujourd’hui, nous partons à la rencontre de Marie Lagrée et Samuel Glaumé qui mettent en scène un truculent Feydeau, Tailleur pour Dames, au Théâtre Clavel à Paris.
Les Zébrés. – Vous mettez en scène Tailleur pour Dames qui se joue actuellement au Théâtre Clavel (jusqu’au 31 décembre). Bien qu’il s’agisse d’un classique, pouvez-vous nous en rappeler les enjeux en quelques mots ?
Marie Lagrée / Samuel Glaumé. Les enjeux sont assez simples, comme souvent chez Feydeau : il s’agit d’une histoire d’adultère et le jeu, c’est de ne pas se faire prendre ! Ici, c’est le docteur Moulineaux qui découche ; sa femme le découvre et il doit trouver un alibi au plus vite. Sauf que cet alibi est un homme qui commet gaffe sur gaffe, que la belle-mère tyrannique et possessive de notre héros arrive, que le mari de sa maitresse pointe aussi le bout de son nez, qu’il a lui aussi une maitresse, bref que tout ca n’est qu’une bombe à retardement.
Plus concrètement, quelle résonance cette pièce créée en 1886 a-t-elle en 2013 ?
La résonance est la même qu’a l’époque car il s’agit d’une situation « classique » : l’infidélité. Il faut savoir mentir, vite et bien de préférence, pour cacher un coup de canif dans le contrat de mariage. C’est un divertissement qui n’a pas pris une ride, que nous avons toujours le même plaisir à jouer chaque soir et qui fait toujours rire les spectateurs venus le découvrir ou le redécouvrir.
Ce texte a fait l’objet de tant d’adaptations… qu’est-ce qui fait, selon vous, la singularité de votre mise en scène ?
Pour chacune de ses pièces, Feydeau a écrit l’histoire d’un côté et la mise en scène très précise de l’autre. Nous avons choisi, nous, de nous emparer de l’histoire mais de nous affranchir de la mise en scène… en gardant bien sûr l’essence même de ce qui identifie un Feydeau : les portes qui claquent ! Notre spectacle n’est d’ailleurs pas basé sur l’adaptation que Jean Poiré a proposée en 1985, c’est le texte d’origine de Feydeau. Nous nous sommes éloignés d’une vraisemblance avec le XIX° siècle par l’intermédiaire d’un travestissement des âges et des sexes, d’un maquillage blanc proche de celui du clown et d’une scénographie volontairement épurée.
Le choix des comédiens a-t-il été difficile ?
Nous avons la chance d’être entourés de très bons comédiens et la distribution colle parfaitement à ce que nous avions en tête. Nous sommes très heureux du résultat de cette équipe !
Parlez-nous un peu d’eux…
Tout repose sur eux ! La scénographie est extrêmement légère et nous n’avons presque pas d’accessoires, donc les comédiens sont essentiels ! Ce sont eux qui font que ça marche, ils tiennent ce rythme inhérent à une pièce de Feydeau. Il faut une énergie dingue tous les soirs à l’équipe pour que le spectacle soit bon, que les répliques et les quiproquos s’enchaînent parfaitement.
Quels sont vos projets pour les prochains mois ?
Marie Lagrée. Je développe un programme court dans lequel je suis aussi comédienne. J’ai également deux projets de mise en scène pour la fin du printemps et une création avec une compagnie où je serai comédienne.
Samuel Glaumé. Moi je vais redevenir « comédien » le temps du spectacle Paroles Gelées au Théâtre du Rond-Point, puis j’enchaînerai ensuite une création avec une autre compagnie ainsi qu’un film dont j’ai écrit le scénario.
Propos recueillis par Benjamin Pechmezac
Tailleur pour dames, au Théâtre Clavel (Paris) jusqu’au 31 décembre 2013.
De : Georges Feydeau. Avec : Aude Pons, Marie Lagrée, Elsa Briongos-Renaud,
Aurélie Noblesse, Edouard Michelon, Matthieu Kassimo, Pierre Vos,
Rémi Dessenoix, Lionel Rondeau, Samuel Glaumé.
Les Mardis et Mercredis à 19H30, et du Jeudi au Samedi à 21H30.
Tarifs : 18 € TP, 12 € TR. Réservations : 07 81 66 44 05.