CONCERT// La Grande Sophie, Grande dame de la scène française

Au fil de ses albums, la Grande Sophie a su trouver sa voie et s’imposer au sommet. Pour preuve, cette Victoire de la musique qui vient de lui être décernée pour l’album La place du fantôme avec lequel elle tourne à travers la France. C’est évidemment sur scène que la magie de l’artiste opère le mieux.

Avec La place du fantôme, la Grande Sophie est apparue plus introspective : c’est sous le signe de cette intimité que la chanteuse ouvre le bal, sobre et presque grave, pour un démarrage en douceur. Une chanson, Le mois d’Avril, et soudain la musique accélère, Sophie s’envole, sa voix prend de l’envergure, monte en puissance et nous emmène déjà très loin. Tout au long du spectacle, elle n’aura de cesse de nous faire passer de l’émotion la plus profonde à l’exaltation et à la démesure, de l’ambiance la plus minimaliste à une frénésie de danses quasi tribales où elle virevolte, tape des mains sur sa guitare-djembé ou même avec des maracas sur un tambour. En enchaînant les morceaux survitaminés – Ecris-moi, Ne m’oublie pas – et les pépites d’émotion pure – Suzanne, Petite princesse – elle nous fait prendre la pleine mesure de sa voix et de sa présence sur scène, soutenue par des musiciens de talent.

Le public est sous le charme, qui reprend en chœur la version acoustique de Du courage, danse avec elle et partage avec gratitude le beau moment de connivence qu’elle lui offre en descendant de scène pour chanter son plaisir d’être là et lui souffler « qu’il y a autre chose derrière le rideau blanc ».

Au final, une heure trente de bonheur rock et de mélancolie poétique prodigués par une artiste qui se donne généreusement et avec panache. Un spectacle dont on sort conquis par son sourire rayonnant, sa lumineuse présence et sa belle énergie.

Maryse Decool