Ouvert au public depuis le 12 décembre dernier, le musée du Louvre-Lens fait parler de lui à juste titre : gratuit pendant un an, l’accès à la collection permanente a de quoi drainer les foules, une manière de promouvoir une région en perpétuel renouvellement de ses ressources culturelles.
Là n’est pas le seul mérite de ce nouveau lieu d’exposition. Qu’on ne s’y trompe pas : sous son habit de verre moderne et sophistiqué, l’établissement ne consiste pas en une simple annexe de son grand frère parisien. Sa singularité s’affirme avant tout dans la Galerie du Temps, qui expose pêle-mêle peintures, sculptures et objets civilisationnels dans une volonté érudite, à la manière des Encyclopédistes du siècle des Lumières. Pour ne pas figer leur espace d’accueil, les 205 œuvres qui l’occupent seront progressivement remplacées entre 2013 et 2017. Contrairement à de nombreux musées, son aîné de Paname en tête, le Louvre-Lens décloisonne les sphères géographiques et culturelles, invitant le visiteur à relier, opposer ou compléter mouvements et productions artistiques. Par un parcours qui le mène du IVème millénaire avant J.-C. au XIXème siècle, il lui est offert d’envisager les traits d’union qui unissent étroitement l’art à la conscience d’une place de l’homme évoluant au fil des époques – son rôle en société, la perfectibilité de son savoir ou encore son inéluctable finitude. Et quel homme ! Un homme pluriel, ici dévoué aux dieux, là-bas révolutionnaire, tour à tour penseur, créateur, souffrant, mourant, préparant l’au-delà.
Attention toutefois à l’égarement… Car malgré une excellente lisibilité des vitrines, le visiteur se frustrera parfois d’un saut temporel incongru, le passage d’une époque ou d’une culutre à une autre n’étant pas clairement indiqué : fait-il un pas et, hop ! voilà qu’il atterrit au milieu de collections persanes, lorsqu’il pensait examiner l’art gothique européen.
Dès qu’il aura ajouté quelques balises guidant le visiteur, le Louvre-Lens aura tout pour séduire : un juste équilibre entre des oeuvres connues et moins connues, un parti pris scénographique qui offre de jolies découvertes, de grands volumes et d’innovantes idées. Sans aucun doute, le nouveau-né a de beaux jours devant lui.
T.L.
Très bel article et très belles photos qui illustrent parfaitement le bien fondé de cette initiative, la magistrale réalisation de ce projet ambitieux et le succès du musée, puisque, c’est vrai, le public est au rendez-vous. Avec à la clef toutes les retombées économiques que ne manquera d’avoir le Louvre-Lens sur une ville et une région sinistrées, à l’image du musée Guggenheim de Bilbao…