Déception.
Baltasar Kormảkur n’est pas un inconnu : on lui doit notamment l’honorable Contrebande, avec Mark Wahlberg, sorti en 2012. Survivre, en dépit de la réputation de son réalisateur et d’une bande-annonce prometteuse, ne mène pourtant pas à des sommets d’émotion et de sensations fortes.
Le film relate une histoire vraie, survenue en 1984 : celle d’un homme qui a survécu au naufrage d’un bateau de pêche en nageant des heures durant dans une eau glacée pour rejoindre le rivage. L’exploit est incompréhensible, même aux yeux des scientifiques qui s’attachent à découvrir comment Gulli, cet homme ordinaire, même pas sportif, a pu survivre alors que tous ses compagnons sont morts d’hydrocution. Faut-il y voir un miracle ? Ou la force psychologique hors du commun du personnage, peut-être liée à un traumatisme d’enfance tout juste suggéré par des flashback ?
Visuellement, toute la séquence qui suit le naufrage est magnifique. Gulli (formidable Ólafur Darri Ólafsonn), seul dans une immensité noire, sous un ciel d’encre griffé d’une aurore boréale, brave la mort et combat terreur et solitude en parlant à une mouette. L’horreur, superbement filmée. Mais malgré cet unique moment de grâce, le film manque de force narrative et souffre de sa construction. Le naufrage arrive trop tôt ; le récit ne laisse pas le temps de découvrir les personnages et leur histoire, insuffisamment développés. Difficile ensuite de partager la peine des familles brisées. Le personnage principal lui-même est creux : on ne sait rien de l’intensité du traumatisme psychologique subi (rappelons qu’il a vu mourir ses compagnons, ni plus ni moins…).
Baltasar Kormảkur a fait le choix de s’en tenir aux faits ; on est plus proche du documentaire que d’une vraie réflexion d’auteur. Résultat : Survivre est un film intéressant mais pas de ceux qui restent dans les mémoires.
Maryse Decool
Notre avis : **