P'tit Quinquin

CRITIQUE// « P’tit Quinquin », un nouvel OVNI sur Arte

P’tit Quinquin, la série de quatre épisodes réalisée par Bruno Dumont pour Arte, renoue avec l’atmosphère de son film « l’Humanité ».

P’tit Quinquin, c’est un gamin du Nord, sans doute celui qu’était le réalisateur lui-même, un garnement parfois irritant mais toujours attachant. Car l’amour qu’il porte à sa jeune fiancée est vraiment émouvant. On trouve de tout dans P’tit Quinquin : des vaches folles, des cadavres découpés, un commandant de gendarmerie déjanté, un « ch’tiderman » en costume d’homme- araignée qui se jette contre les murs, des Kévin, des Jordan, une Lolita qui veut devenir chanteuse et surtout, la terre du Nord, la Côte d’Opale chère au cœur du cinéaste.

L’intrigue, totalement farfelue, n’est que le prétexte à faire défiler toute une galerie de personnages plus pittoresques les uns que les autres, acteurs non professionnels et pourtant épatants. Bruno Dumont, bien loin de tout « racisme culturel », met en valeur leur ruralité, leur accent et leur milieu défavorisé et parvient sans peine à nous faire éprouver de la tendresse pour eux,

La série cultive le comique de l’absurde. On s’amuse beaucoup. L’enquête policière, menée par deux bras cassés, n’a aucun sens. Au contraire, elle s’attache à casser les codes des séries américaines du genre : tout ce qui est attendu, rebattu, ennuyeux dans Les experts, par exemple, est ici pris à contrepied et c’est jubilatoire. On vibre, on rit de bon cœur, sans inhibition, même aux pires moments. La scène de l’église où le curé – qui semble lui aussi à côté de ses pompes – se fend la poire en disant la messe d’enterrement est d’une loufoquerie irrésistible.

Cette minisérie fait souffler un vent nouveau sur le PAF, celui qui balaie les paysages de la côte d’Opale : ébouriffant et vivifiant.

Maryse Decool