Notre avis : ***
A priori, qu’y avait-il à apporter au très joli Frankenweenie de 1984 (avec l’étrange Shelley Duvall), dans lequel un petit garçon ramène son chien à la vie grâce à un habile stratagème pseudo-scientifique ? L’annonce de la préparation d’un long-métrage adapté du court pouvait laisser présager le pire. Sparky une fois de trop déterré, Tim Burton épuisé ?
Pas vraiment ! À défaut d’innover, le Frankenweenie de 2012 nous aura au moins réveillé Burton. Après un Alice au pays des merveilles décevant et un Dark Shadows gentiment funky, le réalisateur semble renouer pour de bon avec l’univers et les thèmes qui lui sont chers : l’enfance, la mort, les marginaux et les monstres. Près de deux siècles après le Prométhée moderne de Mary Shelley, ce sont les habitants d’une tranquille banlieue américaine (New Holland, archétype du malaise derrière les parterres de bégonias) qui s’arment de torches pour chasser la sorcière.
Pure tradition burtonienne donc, mais également bel hommage aux premières amours du réalisateur, car l’Américain hirsute s’est visiblement beaucoup amusé à garnir son dernier-né de clins d’œils gros comme des soucoupes volantes. De Dracula à la Fiancée de Frankenstein en passant par toute l’imagerie des créatures kitschissimes et des situations à la drôlerie plus ou moins voulue, Frankenweenie est un festival, une réjouissante résurrection des films de science-fiction des années 1930.
Et pour ne rien gâcher, le tout est visuellement très beau. Après l’indigeste bûche de Noël d’Alice, on se délecte de l’esthétique sobre mais très soignée de Frankenweenie et du retour aux marionnettes difformes en stop motion – la version 3D, cependant, est un gadget à éviter tant que possible.
Les qualités de ce long-métrage parviennent même à faire oublier une morale somme toute assez bateau, fragilisée de surcroît par un dénouement labellisé Disney…
Distrayant même si pas renversant, Frankenweenie tient donc moins de la poésie d’un Edward aux mains d’argent que du délire d’un Mars Attacks ! ou d’un hommage à la Ed Wood. En cela, le film convaincra peut-être moins d’inconditionnels que les opus plus populaires de Burton.
N.L.
Je n’avais pas remarqué toutes ces références ! Bon article qui donne envie de (re)voir le film 🙂