Ecouter Ala.ni, c’est se sentir transporté à rebrousse-temps dans un vieux film en noir et blanc. Sa voix chaude et sensuelle chante le jazz et le blues comme dans les années 40, elle est une caresse qui insuffle une ambiance délicieusement rétro. On aurait tôt fait de comparer Ala.ni à Billie Holiday ou Ella Fitzgerald ; ce serait pourtant la résumer un peu vite à ce qu’elle n’est pas : une chanteuse nostalgique de décennies bluesy et jazzy surannées. Ala.ni est unique. C’est sur scène, dans l’intimité d’un théâtre, qu’on mesure toute l’étendue de son talent en découvrant son univers musical sépia, épuré, sa présence magnifique, son enthousiasme et sa simplicité. Accompagnée d’un guitariste, d’un contrebassiste et d’une harpiste, elle nous livre ses chansons élégantes et hors du temps, sublimées par un timbre de voix exceptionnel et bouleversant. Douée pour l’improvisation, drôle, elle sait aussi mener au bord des larmes lorsqu’elle délaisse le micro pour venir chanter a capella au bord de la scène. Il s’en faudrait de peu pour faire de ce concert un total enchantement – un soupçon de tempo, un peu plus de swing, la présence d’un batteur peut-être… Artiste londonienne exilée à Paris, Ala.ni, autrefois soliste pour Andréa Bocelli et Damon Albarn, ne dépend d’aucun label. Elle écrit et produit toutes ses chansons.
Le choix de la liberté pour une artiste dénuée de tout artifice, qui tire son contrôle absolu des nuances vocales et sa capacité à instiller l’émotion de ses expériences personnelles et de sa rigueur. Le choix de l’élégance et de la classe.
Maryse Decool