Long et lourd.
Notre avis : **
Le dernier-né de la caméra pourtant aguerrie de Terrence Malick n’est pas à la hauteur de sa formidable ambition : aborder l’Amour sous toutes ses formes, chez tous les êtres humains, en questionner la nature et y déceler la part de terrestre et de divin.
À la merveille dépeint une romance qui fleurit au Mont St. Michel (à la Merveille) avant de se flétrir dans une ville moyenne de l’Oklahoma où le couple se retrouve comme piégé et est amené à faire la rencontre d’un prêtre lui-même tourmenté par le doute.
Vrai, Terrence Malick, avec sa patte reconnaissable et un talent indéniable, sait sublimer jusqu’au moindre arbuste et offrir de très belles séquences. La poésie est là, perceptible dans la souplesse des corps, dans la sensualité d’une caresse, dans le choix des images et dans le drame de personnages prisonniers d’une quête éternelle, en proie à un perpétuel questionnement face à leur monde et à leurs sentiments tantôt salvateurs, tantôt destructeurs. Hélas, ni la bande-son sublime ni la légèreté des robes, des voilages et du vent sur les plaines ne rachètent la lourdeur des voix off susurrant des platitudes, le tournis que donne la protagoniste à virevolter sans cesse comme un gyroscope et l’impression de redondance et de tiédeur générale qui se dégage finalement de l’ensemble.
Car le grand paradoxe de ce film sur la passion, c’est qu’il laisse étrangement indifférent. Le couple de protagonistes, désuni depuis le début et sans aucun charisme, évolue dans une grande maison vide, impersonnelle et immobile dans laquelle il n’est jamais vraiment chez lui, et le spectateur non plus, qui réprime poliment quelques bâillements.
Trop long, trop lourd, le dernier long-métrage de Terrence Malick, qui se présentait comme la deuxième partie d’un dyptique métaphysique et poétique après The Tree of Life, déçoit et peine à susciter la même émotion que son troublant prédécesseur.
N.L.