Pour parvenir jusqu’à la scène de l’Alhambra où elle fait son grand retour, Anne Roumanoff a choisi de marcher sur ses propres plates-bandes. Comme de coutume, jungle politique, famille moderne (psychologie parentale, sites de rencontres, mariage gay et tout le toutim) ou encore les fameuses brèves de comptoir sont au programme de son spectacle. Avec Aimons-nous les uns les autres, Roumanoff fait donc ni plus moins du Roumanoff. Elle aurait tort de s’en priver. Avec une décontraction et une virtuosité inébranlables, Anne (appelons-la par son prénom, puisqu’elle nous donne à merveille l’impression d’être une bonne copine) enchaîne les portraits bien sentis et croque à coup sûr ce petit truc familier qui ne manque pas de nous amuser. Foisonnante de traits d’esprit, la plume fait mouche. Quelques jeux de mots sont certes attendus ; on applaudit néanmoins deux exercices de style assumés et particulièrement réussis, le pastiche de Devos qu’elle s’autorise non sans risque et l’excellente fable qui clôt le spectacle à la manière de La Fontaine. Réjouissante et rafraîchissante, la performance d’Anne Roumanoff illustre on ne peut mieux ce dicton de grand-mère : c’est en puisant dans les vieux pots qu’on fait les meilleurs retours.
Aimons-nous les uns les autres, à l’Alhambra (75010) jusqu’au 31 décembre. Informations et réservations sur http://www.alhambra-paris.com/