Sur lui on a tout écrit, de lui on a tout entendu. Pourtant au fond, on savait bien que jamais il ne cesserait de nous surprendre encore et encore, refusant de se laisser enfermer dans un style musical, refusant de s’identifier plus que nécessaire à l’une ou l’autre de ses créatures. Sa carrière n’a rien eu d’un long fleuve tranquille. Artiste au talent protéiforme, touche à tout de génie, précurseur inspiré, promeneur sidéral, pop star androgyne et junkie, provocateur décadent, crooner expressionniste de cabaret allemand, dandy rock à la grâce séraphique et à la beauté insolente, il a suivi mille chemins, passant outre les modes, les devançant puis changeant d’univers de peur d’être dépassé par la nouveauté et par les suiveurs. C’était sa force, son intelligence, c’était Bowie et on avait fini par le croire éternel.
Son œuvre musicale est d’un telle richesse – de Ziggy Stardust à Heathen, en passant par la somptueuse trilogie berlinoise (Low, Heroes, Lodger) et le très lucratif Let’s Dance – que chacun retiendra ce qui lui convient le mieux. Jusqu’à son dernier opus Lazarus qui apparaît aujourd’hui comme une mise en scène de sa propre mort.
A moins que ce ne soit une nouvelle mystification, une énième incarnation ? Après tout, Lazare n’est-il pas revenu d’entre les morts ? On aimerait tant y croire…
Maryse Decool