L’Egypte et ses mythes : le thème a été tellement exploité par le septième art que, pour le cinéaste désireux de réaliser un film d’épouvante (un de plus !) sur le sujet, développer des trésors d’inventivité et d’originalité est une nécessité absolue. Sur ce point, Pyramide est loin d’être convaincant.
L’histoire est encore plus poussiéreuse que les séculaires tombeaux égyptiens : un égyptologue et sa fille découvrent une pyramide mystérieusement enterrée dans le sable. Accompagnés d’un troisième scientifique et de deux journalistes, ils pénètrent à l’intérieur de l’édifice et se retrouvent pris au piège, traqués par des créatures infernales.
Non content d’accumuler les faiblesses de dialogues et les poncifs (la blonde sexy, les scientifiques et la malédiction du tombeau, la créature d’épouvante, la mort atroce des protagonistes à tour de rôle), le scénario qui fait errer les personnages à travers un labyrinthe, déclenchant des pièges mortels à chaque passage, lance bien plus qu’un simple clin d’oeil à Cube (Vincenzo Natali, 1997). Hélas, le pastiche n’a pas la même force de frappe que son prédécesseur. Même reproche du côté des choix techniques. Effet de suggestion éculé, manque d’argent, ou signe d’une inspiration endormie, une quantité impressionnante de scènes est tournée dans l’obscurité totale. Loin de titiller son imagination, ce noir finit par déteindre sur l’humeur du spectateur, qui soupire d’ennui ou d’exaspération. En choisissant également de mêler les plans filmés de manière classique et ceux filmés caméra à l’épaule, horripilant procédé largement utilisé depuis Le projet Blair Witch, le cinéaste ajoute à la confusion ambiante. Chute de caméra, qualité désastreuse, quel est l’intérêt de faire croire que ces images sont prises sur le vif, quand elles n’ont d’autre effet que de donner le tournis ? Toutes ces faiblesses, ajoutées à une bande-son mal travaillée et des effets spéciaux médiocres (la créature frôle le ridicule), auraient pu être efficacement contrebalancés par l’humour souvent présent dans les films du genre. Malheureusement, aucun moment ne fait naître l’ombre d’un sourire, pas plus qu’une sensation d’angoisse ou de claustrophobie. Comble du désastre, la fin, en forme de points de suspension, peut laisser présager un Pyramide 2…
Connu pour être le fidèle complice et collaborateur d’Alexandre Aja (La colline a des yeux), Grégory Levasseur a voulu faire ses preuves seul derrière la caméra. Velléité sans doute légitime mais prématurée. Il lui faudra prendre un peu d’envergure avant de pouvoir se hisser au rang des maîtres de la peur que sont Friedkin, Cronenberg ou De Palma.
Maryse Decool