Stéphan Eicher en concert, c’est l’assurance d’embarquer pour un voyage à travers des contrées rustiques et colorées, road-trip mené tambour battant et balade en apesanteur menant du rock à la musique tsigane en passant par le blues et les mélodies folk aux accents de western.
Ce qui impressionne d’emblée, c’est le décor du fond de scène : un véritable mur d’enceintes empilées les unes sur les autres comme autant de briques d’un lego géant. C’est de derrière ce mur – du son ? – que l’artiste fait son entrée, bientôt rejoint par ses musiciens, pour entamer son tour de chant avec les titres de son dernier album L’envolée.
Diable d’homme et diables de musiciens qui s’y entendent pour démarrer en douceur puis pousser leurs instruments, guitares, cuivres, batterie, dans leurs derniers retranchements : c’est intense, rapide, tonitruant. A couper le souffle. Vient ensuite Confetti, sur un rythme tout aussi effréné. Porté par tant de chaleur et de virtuosité musicienne, le public entonne bientôt Pas d’ami comme toi, Des hauts et des bas avec son refrain Papa was a rolling stone et le très attendu Déjeuner en paix.
Les éclairages sont remarquables ; un voile de lumière verte habille subtilement la chanson Donne moi une seconde et de drôles de couleurs changeantes ajoutent à l’exotisme de ces chants flamboyants (Hemmige), interprétés en bernois, « la langue que parlent les animaux dans la paille des étables ».
Stéphan Eicher fait le pitre, se fend d’un bon mot, taquine gentiment et va même jusqu’à installer sur la scène toute une rangée de spectateurs pour leur offrir une meilleur acoustique. Il faut oser.
Avec la dernière chanson Disparaître, l’effervescence s’efface devant la poésie, l’émotion et la noirceur, reflets de la tonalité du dernier album qui pose un regard lucide et sans concession sur notre monde en crise.
Bien sûr, tout doit disparaître, et lui aussi ; mais sa sortie de scène est aussi formidable que le concert : il choisit de traverser le public en jouant sur sa guitare, avec ses musiciens à la queue-leu-leu. C’est un tollé.
Artiste atypique et talentueux, Stéphan Eicher cultive sa singularité musicale au fil des albums. Sympathique et plein d’humour, respectueux de son public, il partage généreusement son univers sur scène, avec la grande complicité de musiciens d’exception. C’est sans doute ce qu’on appelle la classe.
Maryse Decool
Vous avez bien résumé, moi qui l’ai vu en concert, c’est bien ce que j’ai ressenti. Un bémol tout de même, mais qui s’adresse au public : pourquoi toujours réclamer les vieux tubes super connus ( déjeuner en paix, combien de temps…), comme si on était restés bloqués à cette époque du répertoire? C’est dommage, car cela se fait au détriment de magnifiques chansons qui manquent au tour de chant. Moi, je rêvais d’entendre « Rendez-vous »…