Plein les yeux, plein les oreilles. Pour remettre au goût du jour l’histoire ancestrale de la Belle et la Bête, le splendide théâtre Mogador accueille la version française de la comédie musicale made in Broadway. Et si le show suit à la lettre les péripéties et les chansons proposées en 1991 par les studios Disney, il n’en demeure pas moins un spectacle féerique, surprenant, ébouriffant. Là où l’on aurait pu craindre un appauvrissement des décors et des figurants – illimités chez le père Walt – l’adaptation scénique du conte nous offre un véritable feu d’artifice visuel et sonore, des chorégraphies et des tours de chant maîtrisés à la perfection, soutenus par des musiciens virtuoses. Là où l’on aurait pu redouter un copier-coller du film, le musical nous prouve qu’il sait utiliser les ressources de la scène avec ingéniosité. Des pièces du manoir envoûtantes et feutrées au village en fête, les décors tournent, s’envolent, glissent dans un tourbillon épatant. Et sous nos yeux ébahis, les mains de l’homme-chandelier s’enflamment, la femme-commode vide son ventre gavé de vêtements féminins et la rose pleure ses pétales incandescents. Pour les petits seulement ? Pas tout à fait, car le spectacle séduit autant – si ce n’est plus ! – les adultes, sensibles aux traits d’esprit qui fusent sans relâche.
Durant plus de deux heures, tous les moyens sont déployés pour faire du conte une parade de rires et d’émotions, une palette d’ambiances fantaisistes et fantastiques en perpétuelle métamorphose. Même les plus sceptiques (ceux que les grosses productions rebutent) auraient tout à gagner à mettre les pieds au théâtre Mogador. Un peu de magie n’a jamais fait de mal… Surtout quand la qualité est autant au rendez-vous.
Timothée Leroy