Blue : prénom original pour une vie toute triste. De l’identité de ses parents à la place qu’elle occupe dans la société, Blue vogue perpétuellement au milieu d’une série d’insolubles interrogations. Elle ignore même le goût du bonheur, et ni les hommes qu’elle croise sur son chemin, ni l’enfant qu’elle porte dans son ventre ne parviennent à le lui faire savourer.
Orphelinat, difficultés financières, solitude. Administration procédurière, rencontres virtuelles ratées, matraquage publicitaire, maladies, OGM. De toute évidence, la pièce tente d’embrasser tous les thèmes les plus déprimants et les plus écrasants qui soient. Elle les rassemble autour de Blue, qui, pour ajouter un tantinet d’ombre noire à ce tableau suffisamment morose, ne connaît pas le père de l’enfant qu’elle attend et se débat vainement dans la torpeur d’une existence métro-boulot-dodo.
Au-delà de ce programme peu réjouissant, il est indéniable que Blue.fr déborde de créativité. Jonglant habilement entre dialogues, chansons et chorégraphies, les trois acteurs s’investissent totalement dans une mise en scène évidemment riche, à laquelle nous pouvons toutefois reprocher l’utilisation d’un éclairage tantôt ingénieux, tantôt inabouti. De rimes en rythmes, Blue nous emmène avec ferveur au coeur de ses tribulations, et nous jette irrésistiblement face à ses démons, ses peines et ses espoirs.
Cette inventivité constitue un atout majeur de la pièce, mais elle peut aussi devenir son propre détracteur. La représentation gagnerait en fin de compte à s’élaguer de quelques jeux de mots inutiles afin de transmettre l’émotion avec plus d’authenticité.
Malgré ses relents de pathos et ses fioritures répétées, Blue.fr réussit globalement son cocktail de trouvailles dramaturgiques, appuyé par une mise en scène originale et efficace.
T.L.
Conception et mise en scène : Jean Christophe Dollé.
Avec Clothilde Morgiève, Yann de Monterno et Jean Christophe Dollé.
Ciné 13 Théâtre, jusqu’au 3 novembre 2012.
Sur les conseils des Zébrés, je suis allé voir la pièce. La critique est très juste à mon sens, car il y a beaucoup de pessimisme dans les thèmes retenus… mais on est quand même emballé par les interludes de musique et de danse. C’est un spectacle à recommander!