CRITIQUE// Rêve de monuments à La Conciergerie, un enchantement gothique

Poussiéreux, vous avez dit poussiéreux? Que nenni ma mie! La Conciergerie fait le grand écart du Moyen-Âge à nos jours pour prendre la mesure de l’incroyable imaginaire que les vieux bâtiments ont fait fructifier.

Toujours plus haut, toujours plus grand. Lorsqu’ils ont cherché à taquiner les dieux par des édifices de plus en plus impressionnants, les hommes ont bâti plus que des tas de pierres : ils ont forgé une véritable mythologie. L’exposition l’interroge avec brio, parcourant les fantasmes que les monuments ont suscités au fil des époques et des bouleversements historiques. Rêve médiéval d’excellence, incarnation d’un paradis perdu, symbole d’un passé féodal mis à sac par une Révolution iconoclaste, ruines propices à la contemplation ou lieu d’accueil du roman noir, des contes, des vampires et des fantômes… Nombreuses sont les facettes du prisme (de pierre) savamment mis en lumière par le musée.

Si la clarté de l’exposition et son traitement éclairant du sujet séduisent, on se régale aussi de la scénographie particulièrement stylisée : images projetées sur les murs, théâtre d’ombres, panneaux et cloisons figurant des silhouettes de châteaux prolongent la rêverie gothique avec élégance. Par dessus tout, c’est la variété des documents et des œuvres présentés qui impressionne : Gustave Doré côtoie Abel Gance et Disney, Mélusine répond à Viollet-le-Duc et les arts plastiques font de l’œil aux Lego. Pas de fouillis ni de hors-sujet pour autant : chaque pièce est à sa place, dans un ensemble qui l’englobe et qui renouvelle notre regard sur les monuments.

Ludique et instructive, l’exposition Rêve de monuments fourmille de ressources et de références qui nous réjouissent tout au long d’une visite intelligente et sans fausse note.

Timothée Leroy


La Conciergerie, jusqu’au 24 février 2013.